Les rêves volés

Août 2024

Le rêve est-il un luxe, une histoire éthérée,

un bien trop onéreux pour les infortunés ?

à l’ombre de geôles, de jeunes écrasés,

cherchent en vain l’espoir pour pouvoir s‘évader.

Dans une mine obscure, un enfant dépecé,

les mains cramoisies, le visage charbonné,

me confie tristement : « Je ne rêve jamais,

car c’est sous cette terre, que je vais me noyer. »

Un autre, forgeron, penché sur son enclume,

sous le feu accablant, ses petites mains écument,

ne pense qu’à sa mère, douce égérie d’un songe,

mais de sa confidence, ne sait si c’est mensonge.

Dans ce monde consumé par l'appétit du gain,

Les rêves se marchandent aux étals citadins,

la publicité dicte ce qu’il faut désirer,

étouffant l'innocence et le droit de rêver.

La pauvreté, ce poids, étouffe l’imaginaire,

et l'on murmure souvent, comme un chant légionnaire:

« ne rêve pas, l’enfant, car rêver c'est trop cher,

dans ce monde où l’or pèse plus que la lumière. »

Pourtant, dans ce silence, des consciences piétinées,

les enfants chuchotent, comme un brasier couvé,

préparent leur révolte en bandes organisées 

pour exprimer leur faim d’enfin pouvoir rêver.

Racine Montignac 

"Les rêves volés" (Parution prochaine - 2024)
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