Il se peut qu’un rêve étrange

Il se peut qu’un rêve étrange : Image générée par DALL-E le 14/10/2024 - prompt Racine Montignac

Il se peut qu’un rêve étrange

Max Jacob


Il se peut qu’un rêve étrange

Vous ait occupée ce soir,

Vous avez cru voir un ange

Et c’était votre miroir.


Dans sa fuite Eleonore

A défait ses longs cheveux

Pour dérober à l’aurore

Le doux objet de mes voeux.


A quelque mari fidèle

Il ne faudra plus penser.

Je suis amant, j’ai des ailes

Je vous apprends à voler.


Que la muse du mensonge

Apporte au bout de vos doigts

Ce dédain qui n’est qu’un songe

Du berger plus fier qu’un roi.


Max Jacob


prologue du Laboratoire central, à Georges Auric 

Max Jacob (1876-1944) est une figure marquante de la littérature et de l’art français du début du XXe siècle. Poète, romancier, dramaturge et peintre, il est souvent associé au mouvement surréaliste et à l'avant-garde artistique. Né à Quimper, en Bretagne, le 12 juillet 1876, dans une famille juive modeste, il déménage à Paris en 1894 pour y étudier la peinture. C’est dans la capitale qu’il fait la connaissance de nombreux artistes et écrivains, tels que Pablo Picasso, Guillaume Apollinaire, et André Salmon. Picasso devient son grand ami, et Max Jacob est l'un des premiers à reconnaître le génie du peintre espagnol

En 1901, Max Jacob affirme avoir eu une vision mystique du Christ, événement qui le mène à se convertir au catholicisme en 1915, bien qu’il reste profondément marqué par son héritage juif. Cette dualité spirituelle et culturelle imprègne son œuvre. Il est un pionnier dans l’expérimentation de nouvelles formes poétiques, mêlant poésie symboliste, humour, et absurde, souvent avec des éléments autobiographiques. Son recueil "Le Cornet à dés" (1917) est l’un de ses ouvrages les plus emblématiques, jouant sur l'ironie et la fantaisie.

Max Jacob vit longtemps dans la pauvreté, partageant avec Picasso un atelier au Bateau-Lavoir, au cœur du quartier Montmartre, à l’époque un foyer de création artistique révolutionnaire. Il fréquente les cercles littéraires parisiens et publie également des romans, tels que "Saint Matorel" (1911), qui lui vaut une certaine reconnaissance.

Sa carrière de poète se développe à travers ses collaborations avec des artistes et écrivains de l'avant-garde, et il devient un mentor pour de nombreux jeunes artistes de son époque. Il évolue dans les cercles cubistes et dadaïstes, et son humour corrosif et son style ludique le placent parmi les écrivains les plus originaux de son temps.

En dépit de sa conversion, Max Jacob est victime des lois antisémites du régime de Vichy. En février 1944, il est arrêté par la Gestapo en raison de ses origines juives et interné au camp de Drancy. Peu de temps avant sa déportation vers Auschwitz, il meurt de pneumonie le 5 mars 1944.

Max Jacob reste une figure fascinante de la littérature et des arts, à la fois pour son parcours de vie marqué par la spiritualité et la souffrance, et pour la diversité de son œuvre, qui continue à inspirer artistes et poètes

Ici une étude de son oeuvre https://shs.cairn.info/revue-etudes-2004-3-page-361